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dimanche, mai 08, 2016

Hors les murs...

Journal d'un plumitif

Depuis deux semaines, les prisons sont vraiment portes closes. Mais les médias s'y intéressent enfin comme lors des meilleures opérations portes ouvertes. Dire que les détenus en Belgique connaissent des conditions déplorables m'attirera l'antipathie de bien des personnes. Y compris de gens très proches. Tant pis, j'assume... Mais ce coup de projecteur, on le doit surtout au mouvement non plus de grogne, mais de révolte des gardiens de prison.

Ces matons, comme on les appelle bien souvent en pensant les insulter, ont décidé de ne plus mater les détenus. Du coup, les policiers ont été appelés à la rescousse. Encore eux. Les flics saturent. Normal. Alors, le gouvernement belgo-facho envisage d'avoir recours à l'armée. Qui n'en peut plus et dont la mission n'est ni de se retrouver dans la rue, ni dans les prisons.

Ce qui se passe dans ce monde, trop souvent souterrain, trop souvent mis sous l'éteignoir car il a toujours représenté la honte de toute humanité, est le catalyseur de tous les maux de la société formatée par les politiques aux pouvoirs depuis une dizaine d'années.

Si j'étais cynique au sens moderne du terme alors que je préfère le modèle Diogénique, je dirais merci à ce mouvement social qui agite ce microcosme pénitentiaire mais ô combien révélateur.

Exemplaire sur la mobilisation.
Exemplaire sur la durée.
Exemplaire sur la force de la base qui réclame le courage de leurs représentants syndicaux.
Exemplaire sur le message et la manière de mener un combat social.
Exemplaire sur la volonté de notre gouvernement de casser le progrès social entamé voilà plus de cent ans en Europe.
Exemplaire sur les réponses apportées par nos gouvernements: appel à la police; appel à l'armée. Une attitude digne des pires dictatures. Heureusement, même la police et même l'armée ont plus de sens des responsabilités, plus de sens social, plus d'humanité que nos dirigeants.
Exemplaire de ce climat de peur, ce climat sécuritaire instauré par les femmes et hommes politiques (il est vrai plus relayé et appuyé par le macho-politicus) et relayé par pratiquement tous les médias (pardon pour ceux qui résistent, rares...)
Exemplaire aussi, malheureusement, dans les réactions de citoyens, qui donnent les clés de leurS libertéS individuelleS à des médiocres assoifés de pouvoir afin de mieux préserver leurs priviléges et ceux de leurs complices fortunés, enrichis sur le dos des travailleurs, y compris des travailleus privés d'emploi sur l'autel de l'actionnariat.

Exemplaire, enfin, parce que je pense que le seul signal que comprendra ces gouvernements (et les précédents), c'est le combat total et jusqu'auboutiste. Foin de ces grèves perlées. Depuis deux ans, nous avons vu les classiques manifestants dans les rues. Normal. Mais nous avons aussi vu à l'arrêt pour défiler, des catégories et des gens qui n'avaient jamais donné de la voix de la sorte: les magistrats, les médecins, les avocats, les chômeurs, les policiers (tiens...), les militaires, les pompiers, les Indépendants... Mais chaque fois séparément. Et pour quelques heures ou un jour.

Imaginez tous ces nouveaux manifestants ET les blouses blanches ET les métallos ET les profs ET les camionneurs ET les agriculteurs ET les fonctionnaires ET les TEC ET la SNCB... Et pas un jour, pas deux jours, pas trois jours... Mais autant de jours pour que NOS élus portent enfin notre parole comme nous leur demandons quand nous leur donnons notre voix!

Le mouvement des gardiens de prison exemplaire encore à un autre titre, mais inédit ailleurs: pour une fois, nous voyons ET les travailleurs, ET les "Usagers" (Détenus et Familles), ET les directeurs (de prison en l'occurrence) se battre ensemble.

Un exemple... à suivre!

Pas pour en faire une pâle copie... mais afin de faire de notre vie, une oeuvre d'art!

Que vos nuits et vos journées soient belles... et rebelles!

Yvan Scoys